Dans une shebka sur la piste In-Salah Tamanrasset - 48°

Vendredi 11 août

Dés le lever du soleil les mouches sont là, Didier est très malade, un vieux sage vient à nous qui nous raconte les coutumes locales. Les mozabites sont très religieux et la femme qui sort dans la rue doit être totalement cachée sous son voile, le haïc, qui ne laisse apparaître que l’œil gauche..

Retour à Ghardaïa, Gérard le parfait touriste s’achète un chèche. On récupère la JS 03 au garage, moment solennel de l’addition, 90 dinars, on s’en sort bien. Direction El Goléa  au sud, le goudron est parfois recouvert par des langues de sable qui ralentissent la progression. Visite d’un puit à balancier, des ânes nous barrent la route. L’oasis d’ El Goléa apparaît par surprise au détour de la route , au pied du ksar sur une colline,  El Goléa, la rose du désert, nous accueil dans ses jardins paradisiaques.  On découvre un bar avec piscine, retrouvailles avec les bavarois. Didier toujours malade. On trouve un bon bivouac dans la palmeraie pour passer la nuit.  François est au chevet de la JS 03 encore convalescente.


Samedi 12  août

Petit déjeuner, café au lait confiture sous les palmiers. Retour au bar piscine. On se retrouve devant la limonade magique. Un américain vêtu d’un turban bleu, un malaisien avec une queue de cheval dans une Toyota bleue, ils viennent tout simplement de San Francisco, par Singapour, la Somalie et le Kenya….. 7 mois avec la décontraction que seul un anglo saxon peut avoir. Ils arrivent avec une nouvelle sensationnelle, « il est donc possible de passer au niger », ce dont nous n’étions pas encore assuré. Virée vers un lac paradisiaque où l’on passe les heures chaudes. Des français en Renault 16 remontent du Cameroun où ils effectuaient leur coopération à Yaoundé, premier ensablement de Bernard dans un décor de cinéma. Gérard et les allemands vont faire les courses, l’un d’eux s’appelle Gérard Mûller, ça se termine avec 5 bières sur un trottoir. Dodo dans le jardin aux palmiers.


Dimanche 13 août

Lever tôt. François est déjà sur la voiture. On va chercher de l’eau, petit déjeuner, la piscine est ouverte, c’est une ruée  pour se noyer sous des tonnes d’eau fraîche. Midi, on va manger un couscous avec les allemands qui se décident à attendre le bus. Dernier bain, on part vers 16 heures, pour avaler les 220 km de derniers goudrons. Nous ne reverrons pas le bitume avant le Niger. Et toujours le désert change de rythme sur 3 temps, sable pierre et soleil. Au km 140, un camion en panne, on prend les 3 locaux en stop. Au loin le fameux plateau du Tademaït se profile, les 2CV chargés y grimpent  péniblement. La nuit tombe et nous bivouaquons au campement situé sur le chantier de la transsaharienne au milieu du plateau.

C’est l’armée qui construit cette route qui doit joindre In Salah, Tamanrasset et le Niger.

Un forage débite en continue un flot d’eau très chaude, douches puis thé à la menthe.



Lundi 14 août

Lever 4 heures, il fait encore nuit, mais nous devons profiter des heures relativement fraîches, car dés que le soleil apparaît à l’horizon, la température ne cesse de monter pour atteindre  un maximum de 48 degrés vers midi, le soir la température baisse vers 35- 40 degrés. In Salah est à 200 km au sud, le plateau du Tademaït est totalement plat, et nous roulons à vive allure. Première crevaison pour la JS 03.  La fin du plateau apparaît, la cassure est brutale, la descente un peu vertigineuse, des carcasses en bas confortent la référence au  film du « Salaire de la peur ». Le sable apparaît, on quitte de plus en plus la piste pour éviter le sable mou. La JS 03 attend la 74, et ce n’est pas une mais cinq voitures qui arrivent, deux  2CV, une 4L et une 204, ils vont vite, trop vite. On retrouve la 4L ensablée, puis c’est au tour de la 74.

L’oasis d’In Salah apparaît enfin perdue au milieu des sables (nous sommes à plus de 1400 km au sud d’Alger), bâti dans un style néo-soudanais, en argile rouge. Il est midi, le thermomètre indique 48 ° à l’ombre.

Piscine, noirs contre blancs avec un ballon. Une 4L avec des gentes au carré après 100 km de tôle ondulée. François répare les pneus, la nuit tombe,  un anglais part tout seul avec une très vieille  voiture pour le grand sud.


Mardi 15 août

Lever à 4H 30 dans un décor de théâtre, dunes de sables et palmiers, combat où le sable sort toujours vainqueur . Tamanrasset, la capitale du Hoggar  est à 700 km plein sud.

Sur les premiers 40 kms, beaucoup de sable, mais les 2CV passent comme des reines. Puis la tôle ondulée apparaît comme un ami que l’on n’a pas envie de voir, essais concluants à 60 km/h qui permet d’éviter les vibrations destructrices, la piste est large et bordée de redjems, petits monticules de cailloux.

9 heures, le soleil devient déjà brûlant, nous rejoignons des jeunes mariés en 4L, ils chauffent (la voiture). Nous approchons de la guelta de Tiggelguemine , qui se trouve à l’écart de la piste, marche à pied de 1 km dans une gorge sablonneuse, nous dérangeons un renard. Et soudain, sous un soleil d’ailleurs se dessine un mirage, miracle d’une nature généreuse, le miroir de l’eau scintille sous le soleil. La guelta est bien réelle et nous plongeons avec délice. Nous restons entre eau et terre jusqu’à 3 heures, il est temps de reprendre la piste. L’air chaud de la journée a permis aux gourdes enveloppées de linge humide de rafraîchir l’eau, c’est ainsi que nous buvons de l’eau à 35 degrés. Bivouac peu avant Tadjmout ,  dodo au son de Grame Allrihgt .


Mercredi 16 août

Lever à 4h 30, c’est le bon rythme. Nous croisons des anglais en Renault 16 qui remontent du Kenya. Nous arrivons à Tadjmout , minuscule oasis accrochée au flanc d’une colline. Il y a de l’eau et de l’essence. Trois français et un chien dans une 4L, Noël, Joël  et Yvonne suivent un camion, ils ont eu beaucoup de problèmes de pneus. Ils suivaient les camions. Plein, nous repartons pour Arak, la piste empire. Au loin apparaissent les gorges d’Arak, une maison. Le camion est arrêté, Il attend les français car il en a marre, la 4L arrive, il repart. On va faire la route ensemble. La 4L part, on ne la retrouvera que 100 km plus loin. La route est dégueulasse pendant 40 km , elle est parsemée de petites baraques en palmiers. Puis on trouve la piste récemment refaite, 2 crevaisons. On aperçoit le couple et on le perd. Plus loin on retrouve la 4L sur 3 pneus et une jante, ils roulaient ainsi. On fait le camp de midi ensemble. Un Mercedes Alger- Tam – ALGER. Cassoulet à midi, couscous et thé sous le camion. Nous apprenons le secret de l’eau fraîche (bidon entouré de papier journal et de toile de jute). Ces routiers sont fantastiquement gentils. Joél et François réparent les pneus. Gérard et les filles font la cuisine. Didier distribue conseils et recommandations. Bernard bulle, il fait chaud. On repart à 3 heures. Ca roule, on se fait peur. Arrêt au marabout, nous faisons le camp au goudron. Vent, pattes, soupe, nuit étoilée. Phares dans la nuit.


Jeudi 17 août

On fait une mini grasse matinée. Problème de chiasse, café sympa. Nous repartons, le décor change pour un plateau parsemé de pitons rocheux, c’est le Hoggar. Arrivé à Tamanrasset, enfin. C’est une première grande étape de la traversé du Sahara  qui s’achève.

Lavage, écriture, repos au  camping. Bouffe chez Yvonne au village. La nuit tombe avec nos discussions. Je rencontre un couple de français, instituteur-cameraman-voyageur de Nogaro dans le Gers. Ils racontent les touaregs.


Vendredi 18 août

Lever, grasse matinée 7h 30. Direction le « centre ville ». Nous rencontrons les bavarois qui arrivent par le car. Bistrot, pleins, rencontres, marché. On connaît tous les européens, on va de tables en tables, glaner conseils, souvenirs et actualités. Nous retrouvons le couple entouré de touaregs fonctionnaires. Les jeunes mariés sont arrivés. Un grand français blond, barbe longue s’épanouit devant un coke, tout en se posant des questions fondamentales « Tam,  c’est fini, il n’y a plus de touaregs ». Midi, on va bouffer au marché avec les allemands. Collie est malade. En fait de dessert, il y a de la limonade, et omelette à la place du couscous. Les allemands rêvent de tonneaux de bière, direction le Mouflon d’Or, où nous trouvons porte close.

Nous accomplissons les formalités de douane et police à Tamanrasset, bien que le poste frontière du Niger soit 420 km plus au sud. Dîner avec Joél, Noél et Yvonne, puis nous allons boire des bières avec les allemands ; Nous nous  endormons au bord du camping sous les étoiles.