Agouïdir - El Beyed par Gueb Er Richat: 85 km (9h40-16h15)

Etape marquée par la traversée du Guelb Er Richat, et une piste de cailloux jusqu’au cirque de ElBeyyed, que l’on découvre après une descente située à l’est de la passe de Thnâye

Le réveil est tardif, les rangements et préparatifs plus longs que d’habitude. Et il y a la séance de Polaroïd, photos de Chair avec Ahmed, de Ahmed avec Domi. Un des mômes de la veille est venu apporter du lait de chèvre, parfait pour le petit déjeuner. D’autres mômes débarquent. Les mamans sont parties avec leurs balluchons, attendre avec leurs objets artisanaux, d’hypothétiques touristes de passage au fort. Puis, visite de l’école avec Chair dans une khaïma, une leçon de calcul est encore écrite au tableau noir, nous nous installons sur les bancs et récitons devant Chair plié de rire. Cette école avec des moyens dérisoires au milieu de quasiment rien est un symbole fort

 

Nous partons d’ Agouïdir et traversons rapidement la première ceinture du Guelb, grimpette en alternant du sable et du terrain un peu caillouteux.
Le Guelb Er Richat a été une énigme pour les géologues, ce n'est ni un cratère météoritique, ni un volcan . Il apparaît comme un dôme arasé avec de grands reliefs concentriques peu élevés sur un diamètre d'environ 45 km. Cet accident géologique trouve son origine au précambrien lors de la séparation de l’Afrique et de l’Amérique, lorsque de grandes fractures en profondeur laissèrent monter d’énormes masses de magma qui s’étalèrent à la surface. Vers la fin du Tertiaire, les pluies et les cours d’eau creusent alors dans les couches tendres et laissent en relief les couches les plus dures, qui forment les enceintes. Ils créent ainsi la sculpture en creux que nous connaissons aujourd’hui.

 

Nous faisons étape à l’auberge au centre du Guelb : là aussi, accueil simple et naturel. Thé, zrig (boisson à base de petit lait de chèvre ou de chamelle, coupé d’eau et sucré), crêpes et confiture. Ahmed y est comme chez lui. La tente est pleine de choses, sacs, couvertures. Une jeune femme officie pour le thé. Une plus ancienne secoue le lait de chèvre dans une peau de chèvre pour faire du caillé. La cérémonie du thé, prend une heure minimum.
Grimpette pour voir le Guelb en vue panoramique. On n’en a pas une vision complète (42 km de diamètre) . On reprend la piste et halte à l’arbre de Théodore Monod où sa femme avait l’habitude de l’attendre

 

La piste qui traverse le Guelb est bien tracée, la sortie à la ceinture externe est un peu raide, elle nécessite même la deuxième courte. Puis le paysage devient plat sur un plateau très caillouteux, la progression devient très cahoteuse, en première. Ahmed nous fait faire de drôles de circonvolutions, pas forcément pertinentes (on le verra au bivouac avec la trace sur l’ordinateur). Enervement contenu de notre part à tous les trois. Personne ne dit mot, mais les cahots sont pénibles. Nous descendons du plateau par une passe située à 1,6 km à l’est de la fameuse passe de Thnâye. Elle est pavée de grosses dalles et permet d’atteindre le cirque d’El Beyyed, ce passage semble récent.

 

Arrêt à l’auberge où les références à la préhistoire s’affichent. Le cirque d’El Beyyed est particulièrement riche en vestiges paléolithiques et néolithiques. Visite du musée préhistorique, créé et tenu par un vieil homme, sur les conseils de Théodore Monod. Plutôt que de le vendre, il faut conserver le « patrimoine de la Mauritanie » disait -il. Bifaces, pointes de flèches, meules, pilons, armes, bijoux, etc. Le tout est déniché par l’homme sur le site avoisinant qui en recèle.
Il est bien 18 h. On décide de bivouaquer à l’écart, près d’une tente de nomades, où Ahmed connaît une fille ( !). Sardines en en-cas. Préparation de pâtes avec sauce tomates. Ahmed qui fait des va-et-vient, propose d’aller boire le thé à la tente nomade. Seule y va Dominique, François reste au bivouac. Vaste tente en poil de chameaux, une jeune fille, une vieille femme, un homme, des fillettes, un petit (15-16 mois) la « sifflette » a l’air dont il s’amuse bien. Partage de couscous mangé avec la main, ce qui nécessite un lavage de ladite main avant et après.
Quelque temps plus tard je rentre seule, François a laissé le Land allumé pour me servir de point de repère. Ahmed est resté dormir dans la tente, il a des vues sur la jeune fille du thé, laquelle lui versait des regards de velours. Le jeu n’était pas discret. Finalement grande liberté de mœurs !

 

Informations pratiques :


Samedi 5 mars